mardi 14 octobre 2014

Sappho-dominantes et gynarchistes

La chose du monde la plus ridicule, ma chère Aïcha, est de vouloir disputer sur les goûts des femmes, les contrarier, les blâmer ou les punir, s’ils ne sont pas conformes aux conventions sociales. Eh quoi ! Les hommes ne comprendront jamais qu’il n’est aucun principe qu’on puisse le supposer, qui ne soit le résultat de la sorte d’organisation que nous avons reçue de la nature : la gynarchie en fait partie et il faudra que les hommes s’y fassent. Cela posé, je demande de quel droit un homme ose exiger d’une femme, ou de réformer ses goûts ou de les modeler sur l’ordre social masculin ? De quel droit, même les lois, qui ne sont faites que pour le bonheur de l’homme, oseront-elles sévir contre les femmes qui ne peuvent, ni ne doivent se corriger, ou qui n’y parviendraient qu’aux dépens de ce bonheur que doivent lui conserver les lois ? Mais désirât-on même de changer les femmes, le peut-on ? Est-il en nous de nous refaire ? Pouvons-nous devenir autres que nous ne sommes ? Entrons dans quelques détails ; l’esprit que je te reconnais, Aïcha, te met à la portée de les entendre.

Si donc il existe une vraie société gynarchique dans le monde dont les principes choquent tous les préjugés admis dans les territoires machistes et patriarcaux, dont les règles de la suprématie féminine blessent la morale masculine, dont les fonctionnements matristiques et matrilinéaires outragent les religions de ces nations soit disant laïques, des femmes et des hommes qui vous paraissent, en un mot, libres et heureux d’être gynarchiste, non seulement il ne faut ni les sermonner, ni leur faire la guerre, mais il faut leur être utile, il faut contenter ses déesses de la gynarchie, anéantir tous les freins qui les gênent, et leur donner, si vous voulez être juste, tous les moyens d’y parvenir sans risque : c’est modestement l’objet de ce site.
 




















C’est dans le sein de la mère que se fabrique tout ce qui existe, c’est donc dans l’esprit des femmes que tout doit se décider. C’est à nous de choisir notre identité, la société dans laquelle on veut vivre et il est hors de question de rentrer dans le consensus de la suppression des différences, une femme ne vaut pas un homme, un être ne vaut pas un autre et c’est la singularité de chaque être, et qui plus est de chaque femme, qu’il faut célébrer.

Et moi, Mathilde Papillon si je suis comme tel, ma chère Aïcha, ce n’est pas un désir de monarchie mais le souhait de voir toutes les femmes célébrées par tous les sexes (femmes, transgenres, hommes), dans une sorte de société gynarchiste et libertaire. Je suis sûre et certaine, qu’elles auraient la capacité de sauver le monde si malmener par la gente masculine.

Quant à notre sexualité, ma chère Aïcha, je crois que la gynarchie est la garantie d’un orgasme maîtrisé et systématique, avec qui on veut, d’une jouissance masculine possible, que si, et seulement si, nous sommes parvenues à avoir la nôtre.

Dans leurs petits shorts

Au musée du Louvre que je veux imaginer silencieux, la nuit, avec une horde de touristes adolescentes et fantômes, j’ai depuis toujours une affection particulière pour les peintures d'Élisabeth Vigée Le Brun et ses toiles "Madame Vigée Le Brun et sa Fille" et "Lady Hamilton en Bacchante". Les lumières éteintes, lorsque demeurent les veilleuses et, vraisemblablement, le ronronnement presque félin des caméras de surveillance, je vis surgir ces jeunes filles américaines, dans la salle des peintures flamandes. Elles tournèrent autour de nous, pour passer en revue chacune des toiles et finirent pour quelques-unes à s’asseoir sur les bancs du milieu de la pièce.

C’était l’été qui justifiait leur accoutrement très décontracté ! Elles étaient vêtues de tee-shirts ou de débarder, de "pantacourts", de leggings ou de jupettes assez courtes, chaussées de claquettes, de tongs ou de tennis légères. Je voyais Nolwenn, qui, du coup, ne s’interessait plus à ce qui était accroché au mur, mais tournait dans la salle pour regarder les parties dénudées de leur anatomie.
J’eus donc une idée et je décidais de m’asseoir près d’elles en prenant Nolwenn par la main. Je lui imposais de s’agenouiller devant moi. Je voyais ainsi, qu’elle commençait à être gênée et jetait des regards inquiets à ces adolescentes, qui étaient médusées par la scène qui se présentait à leurs yeux.

Je la pris par les cheveux, pour lui faire baisser la tête afin qu’elle embrassât mes escarpins. Elle me déchaussa puis je pus jouer avec mes pieds sur son visage. Elle se retourna, allongée sur le dos, je lui demandais de sortir sa langue et lui ordonna de lécher tout ce qui se présentait devant sa bouche, dans laquelle je venais de cracher avec dépit.

Je m’amusai ainsi avec elle, jusqu’au moment où l’une de ces jeunes filles décida de retirer ses tennis et présenta son pied moite à côté du mien pour le faire pourlécher à Clara. D’un seul coup, l’initiative de la première influença toutes les autres et elles se mirent tout autour de ma pauvre soumise et lui présentaient leurs pieds, leurs orteils et leurs talons. Certaines se mirent à lui marcher dessus et je la voyais se faire écraser par des dizaines de petons de toutes tailles qui l’assaillaient.

Ce chahut déclencha la curiosité d’une gardienne du musée qui mit fin à cet amusement. C’était dommage, mais je vis Clara toute émue par ce qui venait d'arriver.























mercredi 8 octobre 2014

Bacchante triste

Le jour ne perce plus de flèches arrogantes
Les bois émerveillés de la beauté des nuits,
Et c'est l'heure troublée où dansent les Bacchantes
Parmi l'accablement des rythmes alanguis.

Leurs cheveux emmêlés pleurent le sang des vignes,
Leurs pieds vifs sont légers comme l'aile des vents,
Et le rose des chairs, la souplesse des lignes,
Ont peuplé la forêt de sourires mouvants.

La plus jeune a des chants qui rappellent le râle :
Sa gorge d'amoureuse est lourde de sanglots.
Elle n'est point pareille aux autres, - elle est pâle ;
Son front à l'amertume et l'orage des flots.

Le vin où le soleil des vendanges persiste
Ne lui ramène plus le généreux oubli ;
Elle est ivre à demi, mais son ivresse est triste,
Et les feuillages noirs ceignent son front pâli.

Tout en elle est lassé des fausses allégresses.
Et le pressentiment des froids et durs matins
Vient corrompre la flamme et le miel des caresses.
Elle songe, parmi les roses des festins.

Celle-là se souvient des baisers qu'on oublie...
Elle n'apprendra pas le désir sans douleurs,
Celle qui voit toujours avec mélancolie
Au fond des soirs d'orgie agoniser les fleurs.

Renée Vivien dans "Études et Préludes"