Le ciel mêlait aux ors le cristal et l'airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l'écume,
Le soir d'été semblait un rêve oriental
De rose et de santal.
Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
Se mourait dans tes mains, comme des cierges froids.
Leurs parfums expirants s'échappaient de tes doigts
En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
De tes clairs vêtements s'exhalaient tout à tour
L'agonie et l'amour.
Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
La douceur et l'effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j'entendis des lyres se briser
En criant vers le ciel l'ennui fier des poètes.
Parmi des flots de sons languissamment décrus,
Blonde, tu m'apparus.
Et l'esprit assoiffé d'éternel, d'impossible,
D'infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d'émerveillement.
Mais la strophe monta bégayante et pénible,
Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
Vers ta divinité.
Études et Préludes - Renée Vivien
René Vivien! j'aime! Certes à notre époque ce langage peut paraître un tantinet ampoulé à certains mais je trouve que nous aurions profit a nous en inspirer, avec le voussoiement, dans notre discours amoureux ... La distance de la langue (si j'ose écrire!)est des plus excitantes! non ?
RépondreSupprimerJe suis bien d'accord avec toi, mais pas du tout avec certains. Renée Vivien est le génie poétique qui devrait dépasser la case dans laquelle elle se retrouve. C'est bien plus que de la littérature lesbienne, c'est de la littérature tout court. Son corpus de poèmes dépassent en force d'amour, tout ce que j'ai pu lire jusque là. Son amour pour les femmes est incontestable bien sur, mais c'est aussi l'expression de cette amour et la musicalité de ces vers métriques ou de sa prose, qui en fait pour moi une poétesse de première importance. D'ailleurs, son seul roman "Une Femme m'apparut" est mon livre de chevet.
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