jeudi 14 mars 2013

Détournement d'images à des fins pédagogiques - 8

SCUM manifesto - Valérie Solanas - Septième partie

L'AUTORITÉ ET LE GOUVERNEMENT



L'homme, qui n'a aucun sens du bien et du mal, aucune conscience
morale (elle ne peut naître qu'avec la faculté de se mettre à la place
des autres), qui ne croit pas en lui-même (pour la bonne raison qu'il
n'a pas de réalité), compétitif par nécessité et inapte à la vie communautaire
par nature, a besoin de direction et de contrôle. Pour
cette raison il a mis en place diverses autorités – les prêtres, les
spécialistes, les patrons, les chefs, etc. – et institué le Gouvernement.
Comme il désire que la femme soit son guide (la Mamma)
mais qu'il est incapable d'accepter cette idée (après tout il est un
Homme), comme il veut jouer à la femme, usurper sa fonction de
Guide et de Protectrice, il s'arrange pour que toutes les autorités
soient masculines.



Il n'y a aucune raison pour qu'une société composée d'individus ra-
tionnels et capables de se comprendre les uns les autres, complets
en eux-mêmes et n'étant pas enclins naturellement à entrer en
compétition les uns avec les autres, ait besoin d'un gouvernement,
de lois ou de chefs.



LA PHILOSOPHIE, LA RELIGION ET LA MORALE BASÉES SUR
LE SEXE

Vu son incompétence pour entrer en relation avec qui ou quoi que
ce soit, l'homme dont la vie est dépourvue de sens (le dernier mot
de la pensée mâle est que le monde est absurde) a dû inventer la
philosophie et la religion. Ne trouvant en lui que vide, l'homme doit
se tourner vers l'extérieur, non seulement pour trouver une direction
et un contrôle, mais aussi le salut et un sens à sa vie. Le bonheur
étant pour lui impossible sur cette terre, il a inventé le Ciel.



Comme nous savons, l'homme est incapable de comprendre les
autres et ne vit que par sa sexualité, aussi pour lui le « mal » est la
« licence » sexuelle, qui conduit aux pratiques sexuelles « déviantes »
(non viriles), c'est-à-dire aux pratiques qui ne le défendent pas
contre sa passivité et sa sexualité omniprésente, lesquelles risqueraient,
s'il les laissait s'exprimer, de détruire la « civilisation » puisque
la « civilisation » repose exclusivement sur le besoin de
l'homme de se défendre contre ces caractéristiques masculines.



Pour une femme (d'après les hommes), le mal est tout comportement
pouvant entraîner les hommes à la « licence » sexuelle, c'est-à-dire
lorsqu'elle ne place pas les besoins de l'homme au-dessus
des siens et refuse de jouer les tantouses.



Quant à la Religion, elle procure un but à l'homme (le Ciel), elle renforce
par son code « moral » l'assujettissement des femmes aux
hommes, et de plus fournit à l'homme des rituels lui permettant
d'exorciser la honte et la culpabilité qu'il éprouve de ne pas se défendre
assez contre ses pulsions sexuelles : finalement la honte et
la culpabilité qu'il éprouve d'être un homme.



La plupart des hommes, dans leur immense lâcheté, projettent les
faiblesses qui leur sont inhérentes sur les femmes, les désignent
comme faiblesses typiquement féminines et s'attribuent la véritable
force féminine. La plupart des philosophes, un peu moins lâches,
reconnaissent à l'homme certaines lacunes, mais n'arrivent toujours
pas à admettre que ces lacunes n'existent que chez les hommes.



Ainsi ils étiquettent la condition masculine : Condition Humaine, posent
leur problème du néant, qui les horrifie, comme un dilemme
philosophique, affublant ainsi leur animalité de grandeur, baptisent
pompeusement leur néant « Problème d'Identité » et pérorent avec
grandiloquence sur la « Crise de l'Individu », l'« Essence de l'Être »,
l'« Existence précédant l'Essence », les « Modes Existentiels de
l'Être », etc.



Les femmes, elles, prennent pour acquises leur identité et leur individualité,
elles savent instinctivement que le seul mal est de nuire
aux autres et que le sens de la vie est l'amour.



LES PRÉJUGÉS (raciaux, ethniques, religieux, etc.)

L'homme a besoin de boucs émissaires sur lesquels il peut projeter
ses lacunes et ses imperfections et sur lesquels il peut défouler sa
frustration de n'être pas une femme. Les multiples discriminations
ont d'ailleurs un avantage pratique : elles accroissent substantiellement
la masse de cons disponible pour les hommes qui campent au
sommet de la pyramide.


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