mardi 12 mars 2013

Détournement d'images à des fins pédagogiques - 4

SCUM Manifesto - Valérie Solanas - Troisième partie

Il porte l'entière responsabilité de :

LA GUERRE

Le système de compensation le plus courant du mâle, savoir dégainer
son gros calibre, se révélant notoirement inefficace, puisqu'il ne
peut le sortir qu'un nombre très limité de fois, il dégaine sur une
échelle franchement massive, donc sublime, prouvant ainsi au
monde entier qu'il est un « Homme ». Du fait de son incapacité à
éprouver de la compassion pour les autres, à les comprendre ou à
s'identifier à eux (voir plus haut), il trouve que l'affirmation de sa virilité
vaut bien toutes sortes de mutilations et de souffrances, et il la
fait passer avant un nombre incalculable de vies humaines, la
sienne comprise. Pour ce que vaut celle-là, il préfère mourir ébloui
de gloire que de se traîner lugubrement cinquante ans de plus.

LA GENTILLESSE, LA POLITESSE, LA « DIGNITÉ »

Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde
sans intérêt. Submergé par la sensation de sa bestialité et par la
honte qu'elle lui inspire, il ne cherche pas à s'exprimer mais au
contraire à camoufler les limites de son être purement physique et
son parfait égocentrisme. À cause de son système nerveux grossièrement
constitué et bouleversé à la moindre marque d'émotion ou
de sentiment, le mâle se protège à l'aide d'un code « social » parfaitement
insipide d'où est absente toute trace de sentiments ou d'opinions
gênantes. Il utilise des termes comme « copuler », « commerce
sexuel », « avoir des rapports » (pour les hommes, parler de
rapports sexuels est un pléonasme), et il en parle avec des allures
guindées de chimpanzé en habit à queue.

L'ARGENT, LE MARIAGE ET LA PROSTITUTION, LE TRAVAIL
CONTRE L'AUTOMATION

Rien, humainement, ne justifie l'argent, ni le travail pour quiconque
au-delà de deux ou trois heures par semaine au grand maximum.
Tous les travaux non créatifs (à peu près tous les travaux exercés à
ce jour) auraient pu être automatisés depuis longtemps. Et dans un
système sans argent, tout le monde aurait tout ce qu'il veut, et du
meilleur. Les raisons qui maintiennent en place ce système basé
sur l'argent et le travail n'ont rien d'humain, elles sont mâles :
1 – Le con. Le mâle, qui méprise sa nature déficiente, est saisi
d'une anxiété profonde et submergé par une immense solitude lorsqu'il
se retrouve dans sa seule affligeante compagnie. Il s'accroche
alors à n'importe quelle femme dans le vague espoir de remplir son
vide intérieur, et se nourrissant de l'illusion mystique qu'à force de
toucher de l'or il se transformera en or, il convoite en permanence la
compagnie des femmes. Il préfère à sa propre compagnie, et à celle
des autres hommes, celle de la femme la plus méprisable. Mais
pour parvenir à ses fins, il est obligé d'employer la force ou la
corruption, à moins de tomber sur des femmes très jeunes ou très
atteintes.
2 – L'homme, incapable d'entrer en relation avec les autres (voir
plus haut), et contraint de se donner l'illusion de servir à quelque
chose, s'active, pour justifier son existence, à creuser des trous et à
les remplir. L'homme est horrifié à l'idée d'avoir du temps libre, pendant
lequel il ne trouverait rien d'autre à faire que de contempler sa
grotesque personne. Puisqu'il ne peut aimer ni établir de contacts,
l'homme travaille. Les femmes, elles, rêvent d'activités intelligentes,
absorbantes, à même de combler leur sensibilité, mais par manque
d'occasion ou de compétence elles préfèrent folâtrer et perdre leur
temps à leur guise : dormir, faire des emplettes, jouer au bowling,
miser de l'argent, jouer aux cartes, procréer, lire, marcher, rêvasser,
manger, se tripoter, s'envoyer des pilules derrière la cravate, aller
au cinéma, se faire psychanalyser, biberonner, voyager, élever des
chiens et des chats, se vautrer sur le sable, nager, regarder la télé,
écouter de la musique, décorer la maison, jardiner, coudre, aller
dans les boîtes, danser, visiter, s'« enrichir » (suivre des stages), se
« cultiver » (conférences, théâtre, concerts, cinéma « d'art »). Ainsi
beaucoup de femmes, même dans le cas d'une complète égalité
économique, préfèrent vivre avec des hommes ou traîner leurs fesses
dans la rue, c'est-à-dire disposer le plus possible de leur temps,
plutôt que passer huit heures par jour à faire pour d'autres un travail
ennuyeux, abrutissant et absolument pas créatif qui fait d'elles pis
que des bêtes, des machines, à moins qu'un travail « intéressant »
ne fasse d'elles, au mieux, les cogérantes de la merde ambiante.
Ce qui pourra libérer les femmes de l'emprise masculine, ce sera
donc la destruction totale du système fondé sur l'argent et le travail
et non l'égalité économique à l'intérieur du système.
3 – Le pouvoir. Ne pouvant dominer les femmes dans ses relations
personnelles, l'homme recherche la domination en général en manipulant
l'argent ainsi que toute chose et tout être régi par l'argent,
c'est-à-dire en manipulant tout et tout le monde.
4 – Trouver un substitut à l'amour. L'homme, inapte qu'il est à donner
de l'amour ou de l'affection, donne de l'argent. Il se sent maternel.
La mère donne le lait ; il donne le pain. Il est le Gagne-Pain.
5 – Fournir un but à l'homme. Puisqu'il est incapable de profiter de
l'instant présent, l'homme doit trouver un but à poursuivre et l'argent
est la carotte après laquelle il peut courir éternellement : pensez un
peu à tout ce qu'on peut faire avec quatre-vingts milliards de dollars
: ah, investir ! Et dans trois ans ça vous fera trois cent mille millions
de dollars, les gars !
6 – Donner à l'homme sa plus belle occasion de manipuler les autres
: la paternité.










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