Photo Willy Ronis
"J'ai froid au cul, j'ai des fourmis dans la jambe gauche, c'est insupportable! j'en ai assez de ce job!et puis je commence a regretter le temps où j'étais pudique. Depuis que je fais ces poses, j'ai l'impression que je suis comme Suzanne au bain livrée aux regards de concupiscents vieillards... je n'aime pas tous ces yeux qui me scrutent, ces regards en coin, ces clignements d'yeux pour "prendre les mesures" avec un crayon entre les doigts et le pouce qui sert de réglette, ces soupirs d'élèves dépités qui n'arrivent pas a dessiner, ces chuchotements, ces ricanements, ces phrases toutes faites du genre " le modèle on ne le voit pas charnellement, on le dessine!, c'est professionnel!" tu parles! c'est pour ça que par réflexe professionnel ils viennent tous me regarder de plus près, de tellement près que je sens leur souffle sur ma peau, enfin eux ils ne me touchent pas! pas le droit! par contre ce petit satyre de prof avec ses rondeurs, sa barbiche et ses polos rayés de marin breton, il n'hésite pas, pour montrer aux élèves où s'attache l'épaule, le sein, a dessiner d'un doigt les lignes de mon corps...
La seule qui trouve grâce à mes yeux c'est Sophie, toute mignonne dans son coin. Elle ne parle jamais, elle dessine, taille ses fusains sur un papier émeri, souffle légèrement sur son dessin pour faire s'envoler l'excédent de poussière de charbon de bois, remonte ses lunettes d'un geste rapide et essuie ses mains charbonneuses sur son tablier bleu. La première fois que j'ai fait cet atelier, elle a été tellement impressionnée de me voir me déshabiller devant tout le monde que ses joues se sont empourprées brusquement et qu'elle a baissé les yeux ... Je la trouve si mignonne que je ne vois pas d'inconvénients à ce qu'elle s'assoit au pied de l'estrade où je pose pour faire des croquis de mes pieds. Un jour, Sophie s'excusa doucement "c'est difficile a dessiner les pieds, un pensum pour les peintres!" et je veux bien la croire! tous ces tarses, métatarses, ces petites phalanges qui ont un alignement particulier et peuvent rendre un pied hellénistique ou romain selon la longueur des doigts ont l'air bien complexes a rendre crédibles sur un papier Ingres !
La seule qui trouve grâce à mes yeux c'est Sophie, toute mignonne dans son coin. Elle ne parle jamais, elle dessine, taille ses fusains sur un papier émeri, souffle légèrement sur son dessin pour faire s'envoler l'excédent de poussière de charbon de bois, remonte ses lunettes d'un geste rapide et essuie ses mains charbonneuses sur son tablier bleu. La première fois que j'ai fait cet atelier, elle a été tellement impressionnée de me voir me déshabiller devant tout le monde que ses joues se sont empourprées brusquement et qu'elle a baissé les yeux ... Je la trouve si mignonne que je ne vois pas d'inconvénients à ce qu'elle s'assoit au pied de l'estrade où je pose pour faire des croquis de mes pieds. Un jour, Sophie s'excusa doucement "c'est difficile a dessiner les pieds, un pensum pour les peintres!" et je veux bien la croire! tous ces tarses, métatarses, ces petites phalanges qui ont un alignement particulier et peuvent rendre un pied hellénistique ou romain selon la longueur des doigts ont l'air bien complexes a rendre crédibles sur un papier Ingres !
Parfois elle s'approche et je vois bien qu'elle regarde mes pieds d'une certaine façon. J'ai déjà vu ce regard aux enfants devant une vitrine de friandises. Je me dis que peut-être elle a envie de les sucer, de les croquer! mais je crois qu'elle ne le ferait jamais même si nous étions seules dans l'atelier ... elle n'ose même pas me regarder dans les yeux. Moi, je trouve que les siens sont très doux avec leur couleur noisette derrière les grosses lunettes d'écaille blonde. "Sophie, un de ces jours regarde moi vraiment, je te dirais d'un regard que tu es belle et que je poserais volontiers en séances privées pour toi pour que tu étudies comme tu voudras mes pieds..."
C'est magnifique, je me suis sentie dessinatrice. L'intérêt dans le dessin, c'est que les poses sont longues. On a tout notre temps, pour passer en revue les moindres détails, contempler les courbes et la finesse singulière de ce joli membre qui me trouble.
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